L'Éditorial du 29 septembre 2025
« Le mur des lamentations »
Depuis le jugement de Nicolas Sarkozy, nous sommes noyés sous des lamentations venant de ses soutiens et plus largement de sa famille de pensée. Lamentations qui consistent essentiellement à dénigrer la Justice française et les juges. On se croirait aux Etats-Unis : finalement la France comporte beaucoup de mini-Trump qui aimeraient réécrire l’histoire et modifier la vérité voire la tordre avec une infinie mauvaise foi afin qu’elle corresponde à leurs désiratas. Ces tentatives permanentes et à grande échelle de manipulation de la réalité trahissent la déliquescence de nos sociétés. Une attitude irresponsable en ce qu’elle est une atteinte à la démocratie qui n’a nul besoin de cela. Surtout elle ne s’appuie que sur des considérations partisanes et idéologiques négligeant volontairement les faits, le dossier, l’ordonnance de renvoi devant la juridiction et bien sûr un épais jugement tout à fait mesuré (380 pages à la disposition de tous) parfaitement documenté et argumenté.
Un de plus devrais-je écrire, car cet homme les a accumulés. Que l’on en juge :
1- Nicolas Sarkozy a été condamné le 17 mai 2023 par la Cour d’appel de Paris à 3 ans d’emprisonnement dont 1 an ferme, exécutable sous le régime de la détention à domicile sous surveillance électronique, pour corruption active de magistrat et trafic d’influence actif dans l’affaire dite Bismuth.
2- Le 30 septembre 2021, Nicolas Sarkozy est condamné dans l’affaire Bygmalion à un an de prison ferme, aménagé en détention à domicile sous surveillance électronique. Le 14 février 2024, la cour d'appel confirme la culpabilité et prononce une peine de douze mois d'emprisonnement dont six avec sursis, également aménageables.
3- Le 25 septembre Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs.
Des procédures transparentes sur lesquelles ont travaillé des dizaines de juges et d’auxiliaires de justice, des dossiers suivis par une infinité de journalistes. Certains d’ailleurs, présents aux audiences, s’attendaient à des peines beaucoup plus lourdes. Alors que l’on arrête de nous servir les ridicules fables de la haine, du complot ou de je ne sais quelle grande conspiration.
Les incriminations présentes dans ce dossier s’appuient sur des textes précis et curieusement tous modifiés dans le sens de l’aggravation par des gouvernements de droite soucieux de durcir la politique pénale. L’association de malfaiteurs remaniée par Jacques Chirac ; l’exécution provisoire en 2004 généralisée par la loi Perben II, époque où Raffarin était premier ministre et avait un ministre de l’intérieur plaidant pour un accroissement de la répression, un certain….Sarkozy Nicolas !
Et oui, ce sont les politiques qui font les lois, les juges ne font que les appliquer. En l’occurrence, en vertu de ce texte, l’exécution provisoire est prononcée dans 90 % des cas. Et une femme ou un homme politique est un justiciable comme un autre. Sinon cela ne s’appelle pas une démocratie. Au surplus, ce ne sont pas les juges qui sont allés sur le terrain politique, mais bien les politiques qui ont été conduits dans le prétoire par leurs actes délictueux. Personne, sinon leur immoralité et leur manque d’éthique, ne leur avait demandé de les commettre. Alors que l’on ne vienne pas nous bassiner avec un pseudo « gouvernement des juges » !
Bref, c’est sûr, nous ne sommes pas dans ces démocraties nordiques où la probité des politiques est érigée en vertu cardinale. Mais tout de même nous ne sommes pas non plus dans une république bananière. Alors, la JUSTICE doit passer, elle l’a fait et bien fait.
En ce qui me concerne, je paye mes impôts sur la totalité de mes revenus : je souhaiterais que certains (suivez mon regard) en fassent autant. De même, je respecte la loi : je souhaiterais que tous en fassent de même. Nous sommes très nombreux dans ce cas. Alors que certains, milliardaires ou politiques, arrêtent de nous prendre pour des demeurés et assument leurs actes et leurs obligations, comme tout un chacun, sans passe-droit ni pathos destiné à émouvoir les foules, pour ne pas écrire à les abuser.
Jacques LAVERGNE
Esprit Occitanie
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