Les éditoriaux d'Esprit Occitanie

09 juin 2025

L'Éditorial du 22 septembre 2025

« LA PRÉDOMINANCE DU CRÉTIN »

En 1988 deux italiens, Carlo Fruttero et Franco Lucentini font paraitre sous ce titre un choix d’articles publiés entre 1970 et 1980 par le quotidien turinois La Stampa et tous plus ou moins reliés à la bêtise. Heureuse initiative mais si ces deux hommes voulaient réitérer, ce n’est pas un livre qu’ils écriraient mais plusieurs dizaines tant la matière est devenue abondante. Et bien évidemment, ils trouveraient sur ce sujet une grande inspiration en regardant vers l’Amérique, vers son actuel dirigeant Trump et ses affidés. Même si ce dirigeant et ses admirateurs/complices ne représentent pas à eux seuls – il s’en faut de beaucoup – toute la bêtise du monde, ils représentent une facette particulièrement redoutable de celle-ci.

Bien sûr en matière de bêtise satisfaite, Trump est une caricature, voire même une synthèse. Et il en tient une telle « couche » que beaucoup de dirigeants de par le monde, stupéfaits d’une telle crétinerie boursoufflée et vulgaire à ce poste de responsabilité, ne savent pas comment l’aborder et gérer la relation. Parce qu’au surplus, il fait partie d’une catégorie bien spécifique et redoutable : le crétin dangereux. Dangereux parce qu’au plus haut sommet du pouvoir du pays le plus puissant du monde : les Etats-Unis d’Amérique. C’est dire les dégâts que cause et va causer la gouvernance erratique de pareil individu non seulement au niveau des USA mais également au niveau du Monde. Sans compter les émules de ce sinistre individu qui se sentent pousser des ailes un peu partout sur la planète, à commencer par chez nous où l’extrême droite le regarde avec les yeux de Chimène (celle des autres pays aussi bien sûr). Qui se ressemble…

Gabrielle Hecht, historienne américaine, enseigne à la prestigieuse université Stanford, dans la Silicon Valley. Cité par l’hebdomadaire Le 1 (10/09/25), elle n’y va pas par quatre chemins pour qualifier la situation : « Ce qui se passe aux Etats-Unis relève ni plus ni moins du fascisme » et de poursuivre ainsi : « un vent d’autoritarisme souffle sur le pays, et il charrie avec lui une nouvelle idéologie, celle de la gouvernance par l’ignorance ». Considérant que son travail est devenu idéologiquement inacceptable, elle s’apprête à rejoindre le Laboratoire population-environnement-développement (LPED) de l’Université d’Aix-Marseille. Décision certainement difficile à prendre et à vivre mais compréhensible devant une liberté intellectuelle devenue de plus en plus rare aux Etats-Unis.

Menaces, intimidations, censure, sanctions, asphyxie financière, partition du pays, démantèlement des institutions scientifiques, plus largement dénigrement systématique de tout ce qui est scientifique et intellectuel, confusion des genres entre politique et religieux, attaques tous azimuts envers le système démocratique, confiscation autoritaire du pouvoir, violences verbales, fort avec les faibles, faible avec les forts, trahison des alliés historiques, avant tout soucieux de ses intérêts financiers et de ceux de son groupe familial. Telle est la politique de Trump, ce dirigeant qui s’exprime avec quelques dizaines de mots, à peu près le même vocabulaire que celui d’un enfant de dix ans. Et dont la stratégie consiste à corrompre le réel en manipulant les faits pour les rendre compatibles avec sa représentation simpliste du monde[1]. Une attitude qui impacte dangereusement le monde entier tant la politique des Etats-Unis était jusqu’ici intriquée avec les affaires mondiales.

Dans un moment où les conditions d’habitabilité de la planète sont menacées et où des dictateurs sanguinaires rendent celle-ci de plus en plus dangereuse, nous n’avions pas besoin de ce nouvel avatar.

Nous assistons à une profonde et inquiétante régression protéiforme de la pensée et de l’esprit. Mais aussi de la démocratie et des libertés. Voire même de la culture : être inculte est brandit par certains comme un drapeau. Autrement dit, tout ce qui constitue le socle de nos Valeurs est menacé. Nous attendons des dirigeants de nos pays européens respectifs et des institutions européennes, la réaffirmation haut et fort de celles-ci. Ainsi qu’une attitude digne et ferme vis-à-vis de Trump et de ses soutiens, dont on ne peut pas dire qu’ils soient ce que l’espèce humaine a conçu de meilleur. Bien que sur le plan de l’abjection, le titre risque d’être chèrement disputé !

« La liberté existe, il suffit juste d’en payer le prix » écrivait Montherlant. J’espère que beaucoup d’entre nous sont prêts à le débourser.



[1] Voir Gérald Bronner : A l’assaut du réel aux PUF et l’émission Essais Marquants qui lui est consacrée sur Esprit Occitanie

Jacques LAVERGNE

Andorre : la neige et l'avenir en pente douce

En Andorre, la montagne commence à douter. Station après station, saison après saison, le constat s'impose : la neige devient plus rare, plus instable, plus difficile à exploiter. Sur les pentes pyrénéennes de cette principauté nichée entre France et Espagne, une inquiétude gagne du terrain : combien de temps encore pourra-t-on faire reposer tout un modèle économique sur l'or blanc ?

Ces dernières années, les signaux d'alerte se multiplient. Les chutes de neige naturelles se font attendre. Les ouvertures de saison sont de plus en plus tardives, les fermetures plus précoces. La neige artificielle, longtemps considérée comme une solution technique rassurante, couvre désormais jusqu'à 60 % des pistes andorranes. La saison 2024-2025 a pu paraître correcte grâce à quelques périodes de froid bienvenues. Mais derrière cette apparente normalité se cache une réalité bien plus fragile : celle d'un équilibre rompu entre montagne, climat et rentabilité. Le cœur du problème est climatique. Le réchauffement global n'épargne aucun massif, et les Pyrénées, à moyenne altitude, sont particulièrement sensibles. Depuis un siècle, les températures y ont augmenté de plus de 1,5°C. Or, à ces hauteurs, une élévation d'un degré suffit à bouleverser la frontière entre pluie et neige. La limite d'enneigement naturel remonte, les périodes de froid se raccourcissent, et les chutes de neige ne
garantissent plus une couverture stable. La neige de culture devient la règle, non plus l'exception. Or, cette production est énergivore, nécessite d'importantes ressources en eau, et devient elle-même inefficace dès que le mercure dépasse un certain seuil.

Ce paradoxe en cache un autre : plus le climat se réchauffe, plus l'économie locale investit dans des solutions à court terme. En Andorre, le tourisme hivernal pèse environ 30 % du produit intérieur brut. Il fait vivre hôtels, restaurants, commerces, transporteurs, guides et saisonniers. Depuis des décennies, ce modèle a contribué à la prospérité du pays. Mais ce modèle repose sur une donnée de plus en plus incertaine : l'enneigement. À mesure qu'il décline, la dépendance économique devient un piège. Produire plus de neige, construire de nouvelles infrastructures, vendre des forfaits plus tôt ou plus tard : autant de réponses qui masquent l'essentiel. Le climat a changé et il continue de changer. Face à ce constat, une partie des acteurs locaux commence à évoluer. Des efforts de diversification émergents : développement du tourisme estival, mise en avant du thermalisme, des activités sportives douces, du cyclotourisme, de la randonnée. Des festivals culturels cherchent à animer les intersaisons. Mais ces initiatives restent marginales face au poids du ski dans les comptes publics et privés. Il manque encore un véritable projet de transition. Non pas une simple adaptation de façade, mais une redéfinition du rôle de la montagne dans l'économie andorrane. Ce virage exige une volonté politique forte. Andorre, par sa petite taille et sa réactivité institutionnelle, pourrait devenir un territoire pionnier. Anticiper plutôt que subir. Investir dans une montagne vivante, ouverte douze mois sur douze, au lieu de tout miser sur trois mois de neige incertaine. Imaginer un avenir où le ski ne disparaît pas, mais cesse d'être le pilier unique. Transformer les stations en lieux de vie et non en lieux de passage. C'est une question de lucidité autant que de stratégie.

L'or blanc ne garantit plus un avenir doré. Le climat écrit de nouvelles règles, que nul ne pourra ignorer. En prenant ce tournant, l'Andorre évitera de se retrouver à moyen terme avec des infrastructures obsolètes, des stations dépeuplées, et un modèle économique à bout de souffle. Mais si elle choisit d'inventer un nouvel équilibre entre nature, activité et durabilité, elle peut dessiner un autre récit. Celui d'un pays de montagne capable de tourner la page du XXe siècle, pour écrire celle du XXIe.


Hugo Depere Thomas

L'Éditorial du 31 mai 2025

TRISTES POLITIQUES

Oui, tristes ils le sont nos politiques pour ne pas écrire pitoyables. Avec un zeste d'immaturité comme ils viennent une énième fois de nous le prouver avec ce projet de loi Duplomb. Un texte qui a donné lieu à une manœuvre démocratiquement navrante : pas de débat à l'Assemblée, une motion de rejet et on renvoie le tout en Commission paritaire. Ce qui permettra d'adopter tel quel le texte du sieur Duplomb qualifié sur une antenne nationale – et à fort juste titre – de «  sénateur scélérat  » par un de nos plus grands biologistes français et grands spécialistes de ces problèmes (Marc-André Sélosse, professeur du Muséum national d'Histoire Naturelle et membre de l'institut universitaire de France). Lequel a démontré que ce politicien ne savait pas de quoi il parlait et qu'il n'avait certainement pas travaillé cette question.

Pauvres agriculteurs aux revenus en berne, à la situation économique souvent défaillante, et à la santé bien menacée. Par rapport à la population française, ils sont affectés de 50 % en plus de lymphomes, de 20 % en plus de myélomes ; à 55 ans il développe 13 % de la maladie de Parkinson en plus, toujours par rapport à l'ensemble de la population du pays ; de même sur compte 43 % de suicides supplémentaires par rapport à leurs concitoyens. Ils sont les premières victimes des produits qu'ils s'étendent. Mais ce ne sont pas les seules.

Depuis les années 1980 en Europe, 80 % des insectes ont progressivement disparus. En soi, cela est déjà dramatique pour la chaîne alimentaire ; mais en plus cela en entrainé de facto la disparition de leurs fonctions, notamment celle de polinisateur, qu’il a fallu palier augmentant par là les coûts d’exploitation. Parallèlement, médecins et scientifiques alertent et pointent les risques encourus par la santé publique. Cette fameuse molécule dite acétamipride, un des objets très conflictuels du projet de loi (mais ce n’est pas le seul, les autres sont aussi aberrants), se révèle très dangereuse pour les riverains des épandages et les consommateurs, même à dose sublétale. Reprotoxique (toxique pour la reproduction), neurotoxique (toxique pour le système nerveux, notamment celui des enfants), cancérigène possible, notamment au niveau du foie. N’en jetez plus !

Alors que faire et comment résoudre cette aporie ? D’autres solutions existent et depuis longtemps, telle l’agriculture biologique bien plus efficiente que certains ne veulent l’admettre. (Pour des motifs qu’il serait intéressant de creuser !). Ce serait là aussi une marque de respect envers les agriculteurs, profession essentielle et bien mal traitée, que de les leur fournir. Encore eut-il fallu les étudier plus professionnellement, les affiner, les systématiser. Mais on a préféré privilégier la solution de facilité, la productivité immédiate à tous crins. L’on n’a pas cherché à anticiper, « la chimie empêche de penser » (d°), on préfère utiliser des méthodes aussi onéreuses que radicales même si leur coût financier pour l’exploitation, celui en termes de santé publique et du vivant en général, est exorbitant. Ce manque d’anticipation constitue un naufrage du politique qui tourne même à la lâcheté singulièrement dans le domaine des clauses miroirs qui défendent les agriculteurs contre la concurrence déloyale. Même Jacques Chirac en avait finalement pris conscience comme il l’a exprimé sans ambiguïté dans un discours en 2006. Alors revenir en arrière en réintroduisant des neurotoxiques, initier de nouvelles reculades technologiques, couper les crédits à la recherche, « diviser par deux ceux de l’Agence bio, c’est meurtrier » (M.A. Sélosse).

Comme l’a si bien dit dans son billet politique le journaliste Jean Leymarie sur France Culture, « Il n’y aura pas d’avenir écologique sans agriculture avec des solutions nouvelles, des pratiques nouvelles. Il n’y aura pas d’agriculture contre le vivant, la santé de la terre, les plantes, les animaux, les humains. »

On ne saurait mieux dire. Et le chroniqueur de finir ainsi : « Les politiques peuvent-ils regarder devant et pas derrière ? »

C’est bien tout le problème, et pas seulement, hélas, dans le domaine de l’agriculture !

Jacques Lavergne

Esprit Occitanie

L'Éditorial du 15 mai 2025

Mais bon sang, pourquoi Trump ?

L'élection de Trump a suscité beaucoup d'interrogations mais surtout une sidération certaine, même anesthésiante pour beaucoup. Une question lancinante dominante : comment la plus grande puissance mondiale, longtemps synonyme de modernité et de liberté, at-elle pu porter à sa tête un individu pareil ? Surtout l'élire pour la seconde fois : personne ne pouvait dire que ni ses idées ni son comportement étaient inconnus. Ses électeurs sont ceux que l'on n'aurait pas attendus là : des femmes blanches, des ouvriers, des émigrés, des hommes noirs à la tradition plutôt démocrate. Ses plus ardents défenseurs sont cette pléiade d'arrogants milliardaires, libertariens jusqu'au bout des ongles, maîtrisant ces nouvelles technologies, qui, dérégulées, sont de véritables pourrisseuses de société. Lesquelles au surplus leur donnent une puissance réelle et un pouvoir aussi mal placé qu'inquiétant. Les États-Unis retournent à la figure de l'homme blanc riche, au-dessus des lois, à qui tout est permis.

Trump est un chef de l'État poursuivi pour de multiples chefs d'accusation aussi variés que graves ; une personnalité fantasque, inconstante, à l'ego boursoufflé (il étau le prix Nobel !) et agressif, nullement dérangée par un comportement incompréhensible fait de virements et de reniements successifs toujours présenté comme une stratégie victorieuse, fort avec les faibles et faible avec les forts. Il est doté d'une mentalité de boutiquier se prenant pour un homme d'affaires aux prétendus succès dans les affaires. Lesquelles posent de multiples questions notamment parce qu'il faisait sa fortune en construisant des immeubles sans jamais payer ses ouvriers ni rembourser ses banques . Ses relations aussi troubles qu'étonnantes [1] avec un autocrate mafieux - Poutine - qui le balade ostensiblement, pour ne pas écrire qui l'instrumentalise, sont inquiétantes et expliquent son rapprochement et sa complaisance envers la Russie. La famille Trump profite sans vergogne de sa position pour commerçant et « faire de l'argent » dans un délétère mélange des genres. Un homme qui ne lit jamais, même pas les brèves notes de ses conseillers, n'a aucune culture, encore moins scientifique, pas analphabète mais pas loin, ne peut qu's'inquiéter.

Irrationnel c'est sûr, imprévisible c'est évident, montrant ouvertement des idées populistes d'extrême droite c'est clair. Mais certainement pas fou comme certains voudraient le croire. Il a une ligne de conduite, effacer le 20 ème siècle, et des références qu'il va puiser vers la fin du 19 ème siècle. Trump veut référer une parenthèse de quatre-vingt ans, celle de Franklin D. Roosevelt et du New Deal. L'homme qui a instauré notamment la régulation et les droits sociaux, le créateur de la puissance publique « synonyme de dictature dans les milieux conservateurs et financiers qui considèrent que ce pouvoir leur appartient  » [2] . Ce Président qui, en octobre 1936, a prononcé ces mots : «  Nous savons que le gouvernement des milieux financiers est aussi dangereux qu'un gouvernement mafieux  ». Le nouveau Président est un parfait contraire de Roosevelt.

C'est un nostalgique d'un passé lointain et révolu, celui où il n'y avait ni impôt sur le revenu ni contraintes mais uniquement des droits de douane, celui où le pouvoir réel se trouvait dans les États et les Comtés, celui où les riches hommes d'affaires blancs conservateurs avaient laissé autorité. Et bien sûr celui où l'État fédéral, responsable de tous les maux à ses yeux et ceux de ses pareils, n'existait pas. Infiniment plus grave, en bridant la science, en lui coupant tous les crédits et surtout en niant les effets des activités humaines affectant le climat et la biodiversité de la Planète, Trump et ses semblables mettent en danger l'espèce humaine et plus globalement le vivant. Ils en seront responsables devant l’Histoire.

En s'entourant des entrepreneurs de la Silicon Valley, ces anarchistes de droite, libertariens affichés, il se donne une image économiquement moderne. Mais une image qui relève du mirage tant ces gens à la sulfureuse idéologie, représente un danger pour la démocratie, les libertés et la paix dans le Monde. [3] Les États-Unis plongent dans une régression économique, sociale, humaine, écologique, scientifique. Ce faisant, ils entraînent dans cette spirale, et à des degrés divers, bon nombre de pays. Mais ces bouleversements ont aussi une vertu : celle de réveiller la vieille Europe, de lui faire comprendre que les dépendances énergétiques, industrielles et militaires qui sont les siennes, placées en des mains hostiles, des instruments de pouvoir stratégique. L'UE est à la croisée des chemins, elle doit prendre la mesure de ces évolutions et en tirer rapidement les enseignements afin de ne pas devenir un simple terrain d'affrontement géopolitique, tiraillée entre les influences croissantes de la Chine et des États-Unis [4] qui la pillent sans vergogne.

Elle en a les moyens et les atouts, j'espère que les différents dirigeants politiques aujourd'hui aux commandes de celle-ci auront le courage et la lucidité de prendre les dispositions qui s'imposent.

 

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Jacques Lavergne / 15 mai 2025 / Esprit Occitanie



[1] Lire sur cette questionNotre homme à Washington (Trump dans la main des Russes)de Régis Genté chez Grasset, chroniqué dans l'émission Essais Marquants sur Esprit Occitanie

[2] Judith Perrignon,L'autre Amériquechez Grasset, prochainement dans Essais Marquants

[3] Lire sur cette questionLe capitalisme de l'apocalypse (ou le rêve d'un monde sans démocratie)de Quinn Slobodian etTechnopolitique (ou comment la technologie fait de nous des soldats)d'Asma Mhalla, les deux au Seuil et chroniqués dans l'émission Essais Marquants sur Esprit Occitanie. 

[4]  VoirBienvenue en économie de guerre de David Baverez chez Novice

L'Éditorial du 20 mars 2025

« LES CANICULES S'EMBALLENT»

Oui, les jours s'emballent comme l'on pourrait le lire dans la rubrique bien connue d'un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi. Et que proposer le personnel politique de la planète pour y remédier ? RIEN ! Mais dans des styles bien différents.

Il ya d'abord celui des populistes extrêmes droitiers, comme on peut les voir à l'œuvre par exemple aux États-Unis. Ceux-là se disent climato-sceptiques. C'est une coquetterie. Le climato-scepticisme n'existe quasiment pas. Les scientifiques de diverses spécialités ont largement démontré et documenté la chose depuis des dizaines d'années pour qu'aujourd'hui personne d'à peu près censé, sachant lire et écrire, puisse le nier. Ou alors il devrait mettre en doute tout ce qui existe, nous expliquer qu'en réalité le jour, c'est la nuit ou bien que ce que nous voyons n'exister pas et n'est qu'illusion. Bref, la pensée magique, mais nous ne sommes plus des enfants ; enfin j'espère-le même si à l'évidence certaines politiques que nous prenons comme telles. Non, en réalité tous ces gens se moquent totalement du sort de la planète, de ses habitants et de ce qui peut leur advenir. Seuls possèdent leurs intérêts personnels, leur argent, le pouvoir, leur mandat électoral. Ils font leur phrase de Marx (Groucho) : «  Pourquoi meais-je des générations futures ? Qu'ont-elles fait pour moi ?  ». Brefs, des salauds assumés, décomplexés, nous les connaissons bien.

Si, j'exagère, il existe un cas de dirigeant climato-sceptique véritable : Trump. Mais là, le personnage relève d'autre chose… Un être à l'inculture crasse, à l'ego surdimensionné pour ne pas écrire mégalo, aux idées courtes simplissimes et datées, qui pense détenir la vérité sur tout, lourdement influencée (manipulée ?) par des paléo-libertariens. Le grand retour de l'obscurantisme, la récession de nos civilisations.

Il ya ensuite ceux que nous appelons chez nous les Verts, Les Écologistes. Un parti croupion qui a deux obsessions : se mêler de tout (surtout de ce qui ne relève en rien de l'environnement) et se « flinguer » entre eux. Des personnalités fortes honorables et compétentes s'y sont engluées sans parvenir à donner à ce mouvement la place et l'essor que sa ligne politique théorique mériterait.

Il y a enfin, les autres, tous les autres. La droite bien, type LR, mais qui lorgne tellement vers l'électorat de sûr l'extrême droite que l'extinction du vivant et le changement climatique ont disparu de leur radar. Quant aux autres partis, notamment de gauche, bien sûr qu'ils ne nient pas ces questions. Bien sûr qu'ils les savent fondamentales pour tous les habitants de la planète. Bien sûr qu'ils savent qu'il va falloir vivre autrement, différemment. Mais comment l'annoncer à leurs électeurs ? Quelle dose de courage politique et d'honnêteté intellectuelle il leur devrait ! Nous sommes loin. Eux, ils font plutôt dans le style hypocrite : oui bien on sait, on connait les sûrs risques, ne vous inquiétez pas on va le faire… Un jour !

Le  8 décembre 1793 , Jeanne Bécu (1743 – 1793), connue comme  madame du Barry ou la comtesse du Barry , dernière maîtresse du roi de France Louis XV (1715 – 1774), aurait demandé un ultime répit au bourreau Samson avant d'être guillotinée, place de la Concorde à Paris : « Encore un moment monsieur le bourreau ».  Et bien ces partis agissent de même : « encore un moment monsieur le réchauffement climatique », « encore un moment madame la biodiversité ». Oui bien, il y a la pollution automobile, l'artificialisation des sols, mais laissez-nous sûr faire une dernière autoroute, une petite, une toute petite ! Oui bien, il y a la pollution plastique, mais ne fâchons pas les industriels du secteur, réautorisons les pailles et les verres en plastique. Oui bien sûr, il ya les abeilles et quantité d'autres insectes nécessaires à la vie, mais réautorisons les insecticides néonicotinoïdes indispensables à nos pauvres agriculteurs et renforçons la tutelle politique sur l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, tout en tapant sur les agences protégeant le secteur (Ademe, OFB…). Oui bien sur les arbres, les forêts c'est important pour l'Homme, mais reportons la loi contre la déforestation, dernier texte fondateur du pacte vert européen qui n'avait pas encore été détricoté. Oui grâce à l'accord de Paris, beaucoup de pays, dont la France, avaient tracé des trajectoires de baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais reportons la mise en œuvre à plus tard ; Ajoutant quoi, les rejets carbonés français sont repartis à la hausse au troisième trimestre (+ 0,5 %).     

Et avec des exemples de ce type nous nourrirons régulièrement des pages entières. Au moins Trump est cash, il n'a aucune répercussion de l'activité humaine sur l'environnement ; au moins les populistes d'extrêmes droite ne biaisent pas, ils se moquent des conséquences qu'ils feignent de ne pas voir. Et les autres tranquillement, doctement, qui se parfument d'être des politiques responsables, des politiques « de gouvernement », nous enfument avec des discours lénifiants, cauteleux, se parant du raisonnable, voire de l'intérêt public. Alors même qu'ils l'assassinent.

C'est Georges Orwell qui disait : «  Si la politique doit mobiliser notre attention, c'est à la façon d'un chien enragé qui vous sautera à la gorge si vous cessez un instant de le tenir à l'œil ». 

Souvenons-nous en……

Jacques Lavergne / 20 mars 2025 / Esprit Occitanie

L'Éditorial du 2 mars 2025

« ABJECTION TOTALE»

Il est tout simplement aussi stupéfiant qu'intolérable de voir un homme de bien, courageux, en guerre depuis trois ans, dos au mur, représentant un pays martyrisé par des agresseurs agissant avec sauvagerie, se faire mettre plus bas que terre, menacer et ridiculiser devant le monde entier par une équipe d'anarcho-capitalistes libertariens sûrs d'eux et dominants, qui se payent même le luxe de nous donner des leçons. Le comble de l'impudeur !

Les Etats-Unis qui furent longtemps en guerre - froide – avec la Russie et ses satellites en sont aujourd'hui devenus les alliés. Un gangster, Poutine, qui a pillé son pays avec sa mafia, fait tuer sans états d'âme des dizaines de milliers de ses compatriotes dans une guerre de conquête brutale et sauvage d'un pays voisin pacifique, aujourd'hui allié avec une pu

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